C'est bien ce que je pensais, elle attend que tout tombe du ciel.
Je lui rends visite, Tibou, comme à son habitude me fait une fête comme pas possible et en le caressant, je sens une grosse boule sous son oreille. Bé té, une énorme tique était bien tranquillement installée, en train de lui sucer le sang.
De là, nous l'avons ausculter de fond en comble et nous lui en avons retirés une bonne dizaine.
Et là, elle m'explique tranquillement qu'il y a des tiques très méchantes et d'autres non. Bé voyons.
Selon elle, il y a des tiques qui attaquent et d'autres non. Pffffffffffff...
Moi ce que j'ai vu sur le corps de Tibou, c'est qu'il y avait aussi des bébés tiques, agglutinés autour de la plaie, près à sucer le sang de ce pauvre animal.
On les a tous éradiqués.
Elle me dit : "de toute façon, ils vont revenir".
Evidemment, si on ne fait rien, ils vont revenir.
"Ça coute 20 euros".
OK, demain on s'en occupe. Putain je suis en train de me gratter du coup.
Je n'ai pas pu vraiment parler raisonnablement avec elle. Elle est fatiguée, elle a besoin de dormir, elle ceci et elle cela.
Moi je voudrais que ce chiot, il soit vacciné, ausculté, pucé et tout le reste. Elle n'en a pas les moyens. Elle l'a sauvé, certes, mais à part lui donner un toit et de la bouffe, c'est tout, après que la nature fasse le reste.
Ça m'énerve, ça m'énerve.
Certes, je comprends sa position, mais tout de même, elle pourrait y mettre un peu du sien. Recueillir un animal, c'est avant tout lui donner de l'amour, un toit et de la nourriture. D'accord. Et après ? Surtout un chien.
Un chat, c'est pas pareil, de nature plus sauvage, il est plus adapté à l'extérieur, mais pas un chiot qui aura toujours connu l'environnement de l'homme.
Je ne sais pas comment me conduire dans ce cas.
Dois-je prendre tous les frais à ma charge, prendre un rendez-vous chez un véto, quitte à y aller en taxi ?
Je suis à deux doigts de le faire.
Et le retour en taxi aussi, pffffffffffff...
Car le véto, il n'est pas tout près d'ici... 2 km environs. Lui avec ces quatre pattes, cela irait, mais pas moi. Moi je fais 200 mètres et ça y est, je suis à bout de souffle. Surtout qu'il y a des grandes routes à traverser.
Enfin, je ne sais pas, la nuit porte conseil alors je vais aller dormir.
Sauf que la nuit dernière, je me suis réveillée en plein cauchemar. Tudieu, jamais vu un bordel pareil dans ma tronche. Un monde, mais un monde fou. Je me suis retrouvée en train de pisser dans mes chiottes à me dire : "y a trop de monde dans ta tête".
Je me suis recouchée, et ziva que cela a continué de plus belle. Plein de gens, des histoires à dormir debout, des dilemmes, des énigmes, des labyrinthes, des tunnels, et seule. Et quand je me réveille, je suis toujours seule.
Seule.
Tiens que je vous raconte mon dernier rêve : j'habitais avec mon père et ma belle-mère dans un superbe appartement, hyper grand. J'avais réussi à caler toutes mes petites affaires dedans, mais il n'y avait pas assez de place. Et puis il y avait des fuites de partout. Lorsque l'on tirait la chasse, cela coulait à l'autre bout. Tout était à refaire, la plomberie et l'électricité. Sans parler des murs qui cloquaient, un vrai délabrement. Pourtant c'était un très grand appartement, avec une superbe terrasse immense. Très beau mais vétuste. Ma belle-mère me disait que si mon père venait à mourir, elle voudrait bien s'acquérir, et je lui montrais tous les petits soucis. Elle faisait tourner une machine à laver et je lui amenais du linge à moi. C'était bizarre car dans ce rêve, on pouvait laver son linge sans que la machine soit fermée, hi hi... Et puis je retournais dans mes petites affaires pour savoir comment j'allais mettre toutes mes choses dans des étagères absolument improbables, trop hautes, trop loin, des niches à la con.
C'est un rêve relativement récurent. Même si les détails sont différents, les personnages sont les mêmes. Mon père est là mais il dort et ma belle-mère s'active dans des lieux improbables et je ne suis jamais en plein accord avec elle. J'attends toujours que mon père se réveille.
Bien évidemment, il ne se réveille pas, puisqu'il est mort et bien mort. Ça c'est la vraie vie. Mais elle, cette salope qui m'a pourri mon adolescence, qui maintenant à plus de 80 balais passés, (86 en gros), qui n'est pas encore décédée, puisque je suis en usufruit avec elle, sait-elle seulement le mal qu'elle m'a fait ? Et qu'elle ne fait encore ?
Tant qu'elle ne sera pas morte, bien morte, et bien enterrée auprès de feu mon père, j'aurais une dent contre elle. De toute façon, j'aurais toujours une dent contre elle puisque mon père voulait être incinéré, que de tout son vivant il l'a clamé haut et fort et que cette salope n'a pas exhausé ses voeux. Et que dans la tombe de mon père, creusée par elle, il y a une place. Pffff. Qu'est-ce que cela lui rapporte d'être à ses côtés, franchement. De toute façon, je la hais, je ne l'ai jamais aimée. Pourtant, gamine, je n'avais rien contre elle. Mais elle, elle d'entrée, elle m'a bien fait sentir que je n'étais pas la bienvenue dans la famille.. J'étais le vilain petit canard, bien vivant certes, mais vilain quand même. Une partie rapportée. Moi à l'époque, je n'avais d'yeux que pour mon père. Hélas, trop absent, toujours en déplacement. Bringueballée deci delà, de famille nourricière en famille nourricère, c'est ainsi qu'on les nommait à l'épque, feu mon père a bien voulu, un jour, dédaigné m'accepter son son toit. Ouf, j'avais huit ans, il était temps.
Et à huit ans, qu'est-ce qu'on fait ? Bé on grandit, pardi ! On va à la grande école, on a de jolis cartables avec de nouveaux crayons et comme j'étais douée, j'ai sauté deux classes. Ce qui me plaisait le plus, c'était la musique. La chorale. Faire du son avec sa voix, j'adorais ça. Et puis après j'aimais beaucoup réciter les poèmes. J'étais déja une artiste qui a été tuée dans l'oeuf par la suite. A l'époque, j'aimais aussi regarder les vitrines et imaginer que plus tard, lorsque je serais grande, je pourrais me payer une jolie robe... mais ce qui m'intéressait le plus, c'était le prix des bonbons..
Mais je m'égare, revenons-en à Gab et à Tibou : que me conseillez-vous ?