Comment peut-on faire pour oublier ?
Aller à la piscine ? Manger du chocolat à s'en rendre malade ? Fumer des pêtards ou picoler jusqu'à tomber inanimée ?
Faire un jogging de 30 km ? Prendre un marteau et se taper la tête jusqu'à ce que la cervelle sorte ? Prendre des cachetons et s'endormir pour de vrai et pour toujours ? Manger grassement et vomir et remanger et revomir ? Casser tout dans la maison, prendre une douche froide et sortir toute nue dans la rue ? Tordre le cou du chat, prendre le plus grand couteau et lui extirper ses entrailles ? Devenir TOC ?
Je vous en passe et des pires. Car évidemment je ne fais rien de tout cela. Et c'est bien pour cela que je n'oublie pas.
Evidemment, je veux parler de Max et de Fred.
Commençons par le dernier. Depuis qu'il sait se servir d'une messagerie internet, bé tous les soirs, il m'écrit et tous les matins je lui répond. Et cela va très loin. Si loin que ce matin il m'a dit avoir imprimé nos propos pour le montrer à son psy. J'en viens tout de même à me demander ce qu'il imprime vraiment, ce qu'il montre vraiment à son psy. Car je doute tout de même de son impartialité. Moi je veux bien qu'il montre à son psy ce que je lui écrit, à partir du moment où cela reste dans le contexte et qu'il ne tronque aucune partie, y compris ce qu'il dit, lui. Dans ce jeu-là, on n'a pas fini de débattre et ce matin, je lui disais que ce ne serait pas si mal que l'on voit son psy ensemble. J'aime bien quand il n'y a pas qu'un seul son de cloche. Evidemment, vous ne saurez rien de plus ici, c'est trop profond et douloureux à la fois.
Et maintenant, parlons de Max. J'avais commandé par internet toutes les photos du fameux dimanche, plus d'autres de l'année dernière. Je les ai reçues hier. Bé j'ai fait un joli paquet et l'ai déposé ce matin à son bar QG sans un mot de plus. Certes, on avait décidé qu'on ferait des listes pour des tirages ultérieurs, si d'autres personnes en voulaient. Mais moi, vu ses problèmes et comment il se comporte vis-à-vis de mes tout nouveaux sentiments, bé je préfère couper net. Y compris les travaux de peinture de mon petit F1 que je voulais lui faire faire puisque c'est son rayon.
Donc je vais rester dans mon petit home tout cracra et basta.
Et puis je viens d'avoir la visite de ma voisine de troc. Oh combien on se comprend toutes les deux. Car elle aussi elle a des déboires avec un garçon qui aimerait bien qu'elle soit là, mais seulement quand cela l'arrange, lui.
Donc, les mecs, c'est pas qu'on a la haine contre vous, mais arrêtez de nous considérer comme des instruments. Nous n'existons pas que pour votre bon plaisir, ce temps est dépassé, il faudrait tout de même que cela rentre dans votre crâne.
Et n'évoquez surtout pas l'égalité des sexes du style : "c'est vous qui l'avez voulu, maintenant faut assumer". Il n'y a rien de pire. L'égalité des sexes, c'est encore du moyen-âge. Il n'y a qu'à voir les grilles des salaires. Sans parler des conversations de bar ou d'ailleurs. La femme n'a toujours pas la parole. Même si c'est elle qui, en général, tient les cordons de la bourse, élève les enfants, fait en sorte que la maison soit bien tenue, et travaille en plus. Dans la tête de la plupart des hommes, pas grand chose n'a bougé. Sauf si c'est dans leur propre intérêt.
Pour ma part, je trouve que c'est encore et toujours : "sois belle et tais-toi".
Bé non, moi je ne veux ni être belle, ni me taire. Je veux de l'amour, du vrai, du solide. Oui, je reconnais que j'ai envie d'une épaule sur laquelle je puisse compter, me reposer. Et oui, je peux être aussi une épaule sur laquelle on puisse compter et se reposer.
Et comment faire pour que nous fassions épaules communes sans pour cela nous enfermer dans un carcan de conventions ? Pour que chacun respecte l'autre et lui laisse la liberté dont il a besoin ?
Sacré dilemme que seuls les vrais amoureux ont réussi à vaincre..
Ce qui reviendrait à dire que je n'ai pas encore rencontré l'homme de ma vie. Bé purée, à presque 58 balais, je n'y crois plus.
C'est bien pourquoi il me faut oublier. Faire taire tous ses sentiments qui se bousculent. Oublier la race humaine. Et m'oublier par la même occas. Prendre une énorme dose de tranxène 50 avec une bouteille de whisky et tirer ma révérence.
Mais je vous rassure, je ne le ferais pas. Et pourtant, je peux.